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Préface de Jean-Marie Schléret

 

 

La Passion du Christ et le mystère pascal furent une source d'inspiration majeure pour les grands maîtres de l'art .  Le nouvel ouvrage de Bernard Legras présente les principaux chefs d'œuvres du 14ème au 20ème siècle qui ont traduit les récits évangéliques autour de la Résurrection du Christ, avec une place particulière à la rencontre d'Emmaüs et à la conversion de Saint Paul terrassé sur le chemin de Damas qui a témoigné par son martyre de la Résurrection de Jésus. Cette dernière partie qui est la plus nouvelle ne laissera pas insensibles nos frères chrétiens du Moyen-Orient et de Syrie en particulier. Lorsqu'avec mon épouse originaire de Damas, nous nous sommes rendus une dernière fois à la chapelle souterraine, tout au bout de l'ancienne Via Recta, sur les vestiges de la maison de Saint Ananie où Paul de Tarse a été baptisé et a recouvré la vue, le passage de Daniel Rops cité à la page 288 avait servi de méditation : « Paul savait que, désormais et jusqu'à sa mort, il appartenait à celui qui l'avait assez aimé pour le frapper au cœur ».

Aux premiers témoins qui écrivirent les textes du Nouveau Testament, voici deux mille ans, ont succédé historiens, théologiens, philosophes, écrivains. Mais ce sont peut-être et avant tout les innombrables peintres qui ont permis au patrimoine chrétien de rayonner. La mort et la résurrection du Christ qui ont changé le destin de l'humanité et marqué profondément les cultures orientales et occidentales depuis 2000 ans, ont inspiré ces nombreux chefs-d'œuvre.

Quand les épreuves s'accumulent comme jamais, Pâques, la plus grande fête de la vie chrétienne, illustrée par tant de chefs d'œuvres dans lesquels de nombreux artistes ont placé leur foi face à la souffrance, redonne sens et force à nos existences. Dépositaires d'un patrimoine culturel de premier plan porté par des siècles de christianisme, nous devons lutter ensemble contre les menaces de mort et de destruction dans nos villes, nos médias, nos maisons, nos familles, nos pensées et nos cœurs. Les œuvres présentées dans l'ouvrage de Bernard Legras, sont de ce point de vue aussi des moteurs d'espoir. Celle d'Eugène Burnand, « Apôtres au Sépulcre », reproduite en couverture de l'ouvrage, nous laisse entrevoir la Résurrection qui est au-delà du tableau. Et quand Rembrandt concentre dans le regard des pèlerins d'Emmaüs nos émotions et nos contradictions, ce regard va exprimer la vision que nous avons du monde et de l'autre.

Face à la difficulté de croire en la Résurrection, l'écrivain Didier Decoin cité à la pa 306, auteur du célèbre ouvrage « Jésus, le Dieu qui riait », nous rappelle le bonheur de passer du Christ tragiquement douloureux au Christ du matin de Pâques. « Souriez, vous êtes ressuscités ! » Le plus radieux des messages vient de nous être délivré : la mort n'est plus une voie sans issue, la lumière de Pâques magnifiquement présente dans de nombreuses peintures, nous irradie du bonheur d'aimer et de le partager avec le monde entier.

Quand notre foi emprunte les chemins de l'art, quand nous nous laissons émouvoir par les œuvres des peintres et des poètes, n'avons-nous pas de meilleures chances de nous remettre en route vers Dieu et notre prochain ? «  Impossible de voir un Rembrandt sans croire en Dieu »  écrivait Vincent  Van Gogh à son frère Théo dans leurs correspondances de 1880. Merci à Bernard Legras de nous donner l'occasion de ce beau cheminement pascal pour en imprégner nos vies.