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Préface de Mgr Olivier de GERMAY

Evêque d’Ajaccio

 

 

Excellente idée que celle de permettre à des œuvres d’art d’offrir un remarquable chemin vers la foi. Bernard Legras rejoint ce fil rouge qui court à travers les siècles : l’art de la peinture et de la sculpture au service de l’intelligence et de la sensibilité de tout un peuple pour lui donner d’accéder par la voie de la beauté aux « merveilles de Dieu ». Notre foi chrétienne est enracinée dans l’histoire et, si Dieu n’est pas représentable, Jésus en son humanité est pour nous le Révélateur de Dieu. Cent œuvres d’art, que Bernard Legras a sélectionnées avec beaucoup de justesse, nous sont présentées, textes à l’appui, comme autant d’indications de cette entrée du Mystère de Dieu dans l’histoire des hommes.

 

L’auteur a choisi la Résurrection comme l’illustration la plus parlante de l’œuvre de Dieu en notre humanité. « Dieu, personne ne l’a jamais vu », écrit St Jean (Jn 1, 18). Personne n’a vu non plus Dieu en train de relever d’entre les morts son Fils Jésus. Pierre s’écrira pourtant le jour de Pentecôte : « Ce Jésus, Dieu l’a ressuscité, nous en sommes témoins » (Ac 2, 32). C’est ce témoignage qui fait de la résurrection l’Evènement inscrit à jamais dans l’histoire. Au point que la prédication apostolique n’a pas hésité devant le mot « preuves ». Ce sont en fait les signes par lesquels le Ressuscité, alors qu’en sa condition nouvelle il échappe à l’espace et au temps, vient au-devant des siens pour manifester à quel point le Seigneur de gloire demeure bel et bien Jésus de Nazareth, celui que les disciples « ont entendu », « vu de leurs yeux », celui que « leurs mains ont touché » (1 Jn 1, 1).

 

Les toiles des grands artistes, du 15ème au 19ème siècle, restituent les plus belles scènes de ces manifestations telles que les relatent les évangiles. Le regard peut s’arrêter sur ces chefs- d’œuvre et l’esprit du croyant, ou de l’homme en recherche, peut au même moment dépasser la vieille et tenace accusation du « mythe » qui se serait imposé dès l’origine. Bernard Legras met en œuvre son esprit scientifique, dont il sait qu’il ne suffit pourtant pas à la foi, pour faire entendre que nous ne manquons pas de raisons de croire. La foi dépasse la raison mais ne l’élimine pas, bien au contraire, du cheminement vers ce « je crois » qui est l’intime décision de chacun. Il est bon que les croyants prennent au sérieux le labeur de la raison.

 

L’interpellation du Christ ressuscité s’adressant à Marie de Magdala, « ne me retiens pas » (« Noli me tangere »), nous garde de concevoir la Résurrection comme un retour à la vie terrestre : le tableau du Musée Unterlinden de Colmar (œuvre no 30) est admirablement suggestif sur ce point. La Résurrection nous projette en avant sur les routes où le Christ nous précède. Mais rien n’aurait de sens pour l’existence chrétienne si au cœur même de la foi il n’y avait la Résurrection. Bernard Legras, grâce à un travail minutieux et d’une rigueur sans faille, a eu bien raison de nous rappeler ainsi que « si le Christ n’est pas ressuscité, notre prédication est vide, et vide aussi notre foi » (1 Cor 15, 14).

 

 L’auteur de cet ouvrage mérite d’être félicité pour nous avoir ramenés à cet essentiel que traduit bien la citation de Michel Green : « sans la foi dans la résurrection il n’y aurait pas de christianisme du tout ». Il reste à souhaiter vivement que ce livre connaisse beaucoup de lecteurs et que tous y trouvent la joie de croire.