Préface du
Professeur Etienne Aliot
La plus belle faculté de l'homme est celle de pouvoir se représenter par la mémoire ceux qui ne sont plus, de se les figurer, de vivre avec eux pour ainsi dire comme s'ils étaient encore parmi nous.
Mary Sarah Newton , Les journaux et les souvenirs (1855)
Ce « petit ouvrage », comme le qualifie Bernard Legras dans son avant-propos témoigne une nouvelle fois de la méticulosité et de la précision de son travail de mémoire de notre Faculté.
Apres son superbe ouvrage sur l'histoire de notre Faculté depuis 1872, l'auteur a en effet récemment publié un volumineux document consacré à nos professeurs décédés et il s'agit ici d'un complément à cet ouvrage princeps. Le travail de recherche a été une nouvelle fois celui d'une fourmi afin de retrouver une trace écrite sur le parcours de chacun de nos aînés à travers tous les moyens à notre disposition, et y compris jusqu'aux fiches écrites ou autres articles quand cela était nécessaire, afin de les faire revivre au mieux. Bernard Legras est allé même jusqu' à retrouver les professeurs « de passage » qui n'ont exercé que brièvement à la faculté ainsi que les chefs de service « non agrégés » de notre hôpital universitaire.
Parmi tous ceux qui ont connu une carrière exceptionnelle, l'un d'entre eux est distingué ici Alain Larcan.
Le parcours de médecin d'Alain Larcan impressionne : agrégé à 27 ans, ce pupille de la nation a brillé sur tous les fronts : la médecine, enseignement, l'art militaire, et la culture artistique. Père de la réanimation et de la médecine de catastrophe, président de l'Académie Nationale de médecine, cet érudit Lorrain et exégète gaullien est également, exemple rarissime en France pour un médecin, Général dans l'armée française et... Grand-Croix de la Légion d'Honneur !
Les temps ont à l'évidence changé mais comment ne pas s'inspirer, à la lecture des morceaux de vie de ces anciens maîtres. "Si j'ai pu voir si loin, c'est parce que j'étais juché sur les épaules de géants " écrivait Newton et nous avons tous besoin des épaules d'ainés de cette trempe.
Au mot, le livre ajoute l'image. Les photographies des promotions d'Internat de 1885 à 1971, témoignent une nouvelle fois du travail colossal de recherche puisque qu'il ne manque aucun nom des internes sur près d'un siècle. Enfin, deux clins d'œil humoristiques complètent cet ouvrage, pour notre plus grand plaisir : de nombreuses images, nées sous la plume de notre médecin caricaturiste, le talentueux François Jabot ; enfin, souvenir des premières années du CHU de Brabois, la fresque libertine de l'Internat qui faisait sourire les uns et les unes, et ne se doutait certainement pas qu'elle serait cinquante ans plus tard, à l'image de ses semblables, l'objet de violentes attaques.
Merci une fois de plus à Bernard Legras d'avoir continué son travail de souvenir indispensable. Il est décidément la mémoire vivante de notre faculté. Alors souhaitons-lui longue vie !